Invitée du dernier atelier « Werkplatz Égalité en route », la conseillère en organisation Chantal Beyeler a présenté à cette occasion des astuces sur le travail à temps partiel dans les métiers de la construction. Lors d’un entretien, elle donne des recommandations aux supérieures et supérieurs, présente différents modèles de temps partiel et fournit des pistes permettant aux collaboratrices et collaborateurs à temps partiel d’atténuer leurs risques financiers.
Lors de l’atelier, tu as dit que l’encadrement devait être de qualité pour que le temps partiel fonctionne dans une équipe. Quels sont les facteurs qui importent concrètement ?
Il est important que les responsables hiérarchiques soient en contact régulier avec leurs collaboratrices et collaborateurs et connaissent leurs besoins. Le style de direction doit donc être axé sur les besoins et adapté à la situation.
Les responsables hiérarchiques doivent accompagner les collaboratrices et collaborateurs pendant différentes étapes de leur vie et faire preuve de compréhension pour leur situation personnelle. Elles et ils devraient être prêts à chercher des solutions individuelles avec les personnes encadrées. En même temps, il convient de communiquer et de motiver clairement les attentes et les limites. Je ne suis pas en train de dire que tout doit être possible tout le temps.
Est-ce qu’il n’y a pas un risque que les solutions individuelles soient source de mécontentement dans l’équipe ?
Si, le risque existe. Il faut donc absolument que les responsables d’équipe motivent les solutions individuelles et permettent une discussion ouverte au sein de leur équipe. En tant que responsable, on est toujours dans la recherche d’un équilibre entre une égalité de traitement absolue et des solutions individuelles pour telle ou telle personne – c’est une tension qu’il faut savoir supporter. Ce qui compte, c’est d’aller chercher activement les avis de l’équipe et de la soutenir dans la recherche de solutions.
« En tant que responsable, on est toujours dans la recherche d’un équilibre entre égalité de traitement et solutions individuelles – c’est une tension qu’il faut savoir supporter. »
Est-ce que tu as des conseils pour l’introduction de temps partiel dans le secteur de la construction ?
Il faut chercher un modèle qui corresponde à la situation et à l’entreprise. En matière de temps partiel, il existe un grand nombre de modèles, parmi lesquels on choisira en fonction des besoins considérés comme prioritaires et de ce qui est possible vu le quotidien de l’entreprise.
Les responsables hiérarchiques devraient aussi avoir le courage d’essayer quelque chose de nouveau. Et si des difficultés apparaissent, ne pas abandonner tout de suite ou rejeter la faute sur le modèle de travail à temps partiel, mais chercher des solutions en concertation avec l’équipe.
Quelle doit être l’attitude au sein de l’équipe ?
Dans l’équipe, il faut une culture ouverte, les membres devraient se parler ouvertement de leurs attentes. Chacune et chacun devrait par ailleurs être ouverte à faire les choses autrement que par le passé. Par exemple, faire la réunion d’information directement sur le chantier au lieu de se rassembler au bureau et de se déplacer ensuite ensemble.
« L’équipe doit être ouverte à faire les choses autrement que par le passé. »
De quoi faut-il tenir compte pour la communication ?
À l’interne, la direction devrait expliquer clairement pourquoi des solutions sont nécessaires en matière de temps partiel – par exemple, pour trouver suffisamment de personnel qualifié, pour permettre différents choix de vie ou pour préserver la santé. Ainsi, une entreprise peut s’éloigner de l’idée que le seul vrai travail est le travail à plein temps.
Et pour la communication avec la clientèle ?
Pour cela, je conseille de discuter le plus tôt possible avec la cliente ou le client afin d’identifier ses besoins et de définir qui sera joignable à quel moment. Cela peut se faire dès la première visite du futur chantier.
Quand on parle de temps partiel, on pense en général à quelqu’un qui a un ou plusieurs jours de libres par semaine, toujours les mêmes. Cependant, lors de l’atelier, tu as montré qu’il y avait toute une série de modèles. Lesquels ?
En matière de temps partiel, la semaine n’est pas la seule perspective possible : il faut aussi penser à la journée, au mois, voire à l’année. À titre d’exemple, une collaboratrice à temps partiel peut travailler six heures chaque jour. Un autre collaborateur aura une semaine de congé par mois. Et encore une autre personne travaillera à plein temps la plus grande partie de l’année, mais aura congé trois mois de suite. Cela dépend vraiment de la raison pour laquelle une personne veut travailler à temps partiel.
Lors de l’atelier, nous avons entendu à plusieurs reprises que les passages de relai fréquents sur les chantiers constituaient un défi. Est-ce que tu as des idées pour garantir qu’ils fonctionnent ?
Les messages vocaux, les photos et les vidéos faites avec le téléphone portable sont des pistes très intéressantes. C’est rapide et facile à faire et à comprendre pour toutes et tous, peu importe la langue.
« Les messages vocaux et les vidéos sont des options intéressantes pour le passage du relai. »
Une autre solution consiste à appeler le soir la personne qui prendra le relai sur le chantier le jour suivant. Mais uniquement si elle est d’accord de recevoir ces informations le soir d’un jour où elle a congé. Là aussi, les membres de l’équipe devraient mener en amont un échange sur leurs attentes.
Pour les collaboratrices et collaborateurs, le travail à temps partiel a des conséquences financières. De quoi faut-il tenir compte ?
Oui, c’est vrai. Lorsqu’on travaille à temps partiel, on gagne moins qu’à plein temps. Pour cette raison, je recommande toujours de consulter un service de conseil en budget avant de passer au temps partiel. Cela permet de répondre à toutes les questions importantes : de quel revenu ai-je besoin ? Quelles sont mes priorités dans la vie ? Quelle est la situation financière de mon ou ma partenaire ? Et combien puis-je économiser sur les impôts ?
La prévoyance vieillesse est un autre aspect très problématique. Sur cette question, les collaboratrices et collaborateurs devraient vérifier les règles de la prévoyance professionnelle (caisse de pension), par exemple pour savoir si la déduction de coordination est calculée au prorata du taux d’occupation.
« Dans certains métiers du secteur de la construction, le personnel a la possibilité de réduire son taux d’occupation dans le cadre d’une préretraite. »
Dans certains métiers de la construction – cela concerne l’industrie de la peinture et de la plâtrerie, ainsi que la branche de l’enveloppe des édifices – il existe par ailleurs un modèle de préretraite, dans le cadre duquel les salariées et les salariés peuvent réduire leur taux d’occupation cinq ans avant le départ à la retraite et prendre une préretraite partielle. De tels modèles rendent possible les temps partiels à un âge avancé et absorbent les pertes financières.
Lors de l’atelier, il a été dit que le travail à temps partiel était surtout un besoin des jeunes générations. Est-ce que c’est le cas ?
Dans ma perception, le besoin de travailler à temps partiel est présent chez toutes les générations. Ainsi, les personnes d’un âge avancé éprouvent elles aussi souvent le besoin de réduire leur taux d’occupation, en particulier dans les métiers très physiques. Il faut reconnaître, tout simplement, qu’il y a une grande diversité de besoins qui peuvent déboucher sur le souhait de travailler à temps partiel. Ces besoins, il faut y répondre, peu importe la génération.
Des articles supplémentaires au sujet du travail à temps partiel sont disponibles (en allemand) sur la version en allemand du site.