Bruno Kohler est propriétaire de Banholzer Bau AG, une entreprise active dans le génie civil et la construction routière. Ses quelque 40 spécialistes gèrent actuellement huit chantiers parallèles. Le siège de Banholzer Bau AG se trouve dans le « plus beau » fond de vallée de l’Oberland bernois, à la Lenk – où beauté rime cependant avec isolement. Bruno Kohler dépend de spécialistes et a élaboré avec les agriculteurs locaux une solution ingénieuse où tout le monde trouve son compte. Le 17 novembre 2022, lors de l’évènement de Werkplatz Égalité, Bruno Kohler a montré au passage son goût pour l’exploration de nouvelles voies : non content de présenter aux praticiennes et praticiens du secteur principal de la construction sa solution en matière de temps partiel, il a également soumis un sacré défi aux participantes et participants…
Bruno, cinq de tes ouvriers spécialisés bénéficient actuellement d’un temps partiel – et ce dans le secteur principal de la construction ! Peux-tu nous en dire plus sur ton modèle oberlandais de temps partiel ?
Bruno : Notre entreprise a son siège dans une vallée en cul de sac où les spécialistes sont difficiles à trouver. Le problème, pour moi, c’est qu’il n’est pas intéressant de venir travailler à la Lenk. Par conséquent, je n’ai pas la possibilité de recourir à du personnel qualifié, même pas par l’intermédiaire d’une entreprise de travail temporaire. Le manque de personnel qualifié se fait vraiment sentir dans cette vallée latérale. J’ai donc dû trouver une solution, et je me suis rendu compte que, s’il n’y avait pas beaucoup de constructeurs de routes qualifiés là-haut, il y a d’autres personnes extrêmement bien formées et expérimentées qui travaillent de leurs mains : les agriculteurs !
Quels sont les avantages et les inconvénients de ta solution avec des collaborateurs à temps partiel ?
Bruno : J’ai vraiment trouvé une solution idéale avec les paysans. Ils ont un emploi à durée indéterminée auprès de mon entreprise, travaillent à temps partiel et le contrat précise qu’ils ont droit à une durée de travail variable en fonction des saisons. Pour réaliser nos projets, j’ai besoin de ces spécialistes et donc des temps partiels. Ce système avec les paysans fonctionne bien, parce qu’en hiver (saison où nous avons peu de travail), ils s’occupent des forêts. L’été, c’est la haute saison, aussi bien pour eux que pour nous. Mais en cas de défis particuliers, comme des intempéries ou les dégâts d’eau, où nous devons intervenir sur-le-champ et donc faire preuve d’une grande flexibilité, la disponibilité des paysans à nous aider est extrêmement élevée.
« Le manque de personnel qualifié se fait vraiment sentir dans cette vallée latérale. J’ai donc dû trouver une solution. »
D’après ton expérience, quels sont les défis du temps partiel dans le secteur principal de la construction ?
Bruno : Je me rends compte tout simplement que le recours à des temps partiels augmentent les besoins de planification liés aux absences. Au niveau des ouvriers, c’est assez facile à absorber, car le flux d’informations passant par leurs supérieurs n’est pas interrompu. Mais quand il s’agit de cadres, c’est plus difficile, justement à cause de cette interruption. Plus la personne qui travaille à temps partiel occupe une fonction élevée, plus il est complexe d’assurer la planification et la transmission des informations.
Lors de l’atelier, tu ne t’es pas contenté de présenter ton modèle oberlandais de temps partiel impliquant des agriculteurs, tu nous as aussi soumis un défi…
Bruno : Oui, en effet : pour des raisons familiales, l’un de mes contremaîtres ne peut plus travailler qu’à temps partiel. Pour moi, il est évident que je veux lui offrir cette possibilité. Mais le contremaître reste la personne vers laquelle toutes les informations convergent. S’il est absent, il laisse un trou béant en matière d’informations. Pour remédier à cela, nous n’avons pas d’autre choix que d’obliger le contremaître de consigner par écrit ce qu’il faut savoir (même si on ne peut évidemment jamais tout noter). Mais nos ouvriers n’ont pas vraiment l’habitude de faire de la prose. J’ai donc posé la question aux représentantes et représentants du secteur présents lors de l’atelier : comment motiver les cadres à noter les informations et à les lire ? Ou, pour le dire d’une autre manière : comment optimiser le passage du relai au niveau des cadres ?
« J’ai posé la question aux représentantes et représentants du secteur de la construction présents lors de l’atelier : comment optimiser le passage du relai au niveau des cadres ? »
Quelles sont les idées avec lesquelles tu es reparti dans l’Oberland ?
Bruno : Ce que je retiens tout particulièrement, c’est l’encouragement à essayer des solutions, à être ouvert, à mettre en place des structures de direction et les ouvrir vers le haut. Et aussi l’idée de ne pas baisser les bras au premier revers en se disant « je savais bien que ça ne marcherait pas », mais de réessayer en s’y prenant autrement. Après tout, on ne va pas faire deux fois la même erreur.
Autres astuces glanées lors de l’atelier dédié au secteur principal de la construction :
Des articles supplémentaires au sujet du travail à temps partiel sont disponibles (en allemand) sur la version en allemand du site: